Surrogate Portraits
Quelques plantes photographiées en couleur en studio, elles sont assimilables au genre du portrait, le portrait d'une "espèce vivante". Le motif de la plante fut longtemps utilisé dans la peinture de la seconde moitié du XVIIe siècle comme vanité, symbole et rappel que toute chose vivante, décline, se fane et disparaît. Comme ces vanitas, les plantes des artistes de la série Surrogate Portraits montrent des signes de corruption, de maladie. Considérer ces photographies comme des "portraits" sous-entend qu'il ne s'agit pas d'objets inanimés, immuables et décoratifs, mais d'êtres vivants : les plantes se développent, ont des blessures et cicatrices, des signes de maladies, ont parfois été amputées, ont vu leurs feuilles dévorées par divers insectes, et finalement meurent. Elles dépendent de nos soins et de notre attention afin que nous constations ces signes d’attaques, de malaise et de mal-être.
Les artistes, en élargissant la représentation et associant à leur propre approche "picturale" ont introduit une dimension historique, d’archive, avec une série de cartes postales en noir et blanc de plantes et compositions florales publiées en RDA dans les années 1960/70. Il s’agit ici de décoration et d’artifice, l'absence de couleur soulignant la composition et l'arrangement. Ce sont des photographies "professionnelles", commerciales, réalisées pour envoyer un message vers un espace domestique. Cette addition dans ce travail renvoie à la nature de l'archive. Une série de clichés numériques s’ajoutent à ceux-ci. Le cadre est, cette fois large de manière à montrer l'installation, la chambre photographique grand format 4x5, le fond photographique, les miroirs utilisés pour réfléchir et réfracter la lumière naturelle et quelques actions fugitives: les artistes en train d'arroser et de s'occuper d'une plante comme on s'occuperait d'un portrait. En revenant à la tradition picturale, nous voyons le va-et-vient fragmentaire ou fantômatique des artistes.